« À l’horizon 2030, les surfaces des mangroves de la province Sud ont été conservées voire augmentées, leur fonctionnement préservé voire amélioré et leurs usages gérés durablement, en concertation avec l’ensemble des parties prenantes. »
Une préservation efficace et durable de la mangrove, frontière entre des compétences provinciales et municipales, nécessite une implication de l’ensemble des parties prenantes en lien avec les usagers de proximité.
Pour ce faire, la province Sud a conduit l’élaboration d’un plan d’action mangrove (PAM) qui a abouti le 30 avril 2024 à la signature d’une convention cadre de partenariat entre la province Sud, les mairies de Nouméa, Dumbéa, Païta, Mont-Dore et l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC). Cette convention a pour objectif le partage de connaissances, la sensibilisation, la réalisation de diagnostics socio-environnementaux, la réduction des pressions anthropiques et l’anticipation des effets du changement climatique sur les mangroves. Elle encadre également la réalisation de travaux de préservation des mangroves aussi bien urbaines que rurales grâce au soutien de différents bailleurs de fonds :
Avec l’appui technique et financier de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), l’implication de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, de la Ville de Nouméa, de l’OPT, de l’association SOS Mangroves, le projet porté par la province Sud, réalisé entre janvier et septembre 2024, a consisté à :
- enlever les digues de radio-État ; la suppression de ces ouvrages modifiera ces mangroves vers un nouvel état plus originel et plus résilient avec à terme la réhabilitation de 4400 m² de mangrove par la revégétalisation des surfaces déblayées, naturellement et par des plantations mises en œuvre par SOS Mangroves.
- mettre en place des capteurs de suivi de l’hydrodynamisme, notamment la durée de submersion à chaque cycle de marée et suivre l’évolution de la mangrove à très fine échelle par l’utilisation de la cartographie LIDAR (carte en 3D de l'intégralité du sol et du sursol de la France), avec l’appui de l’UNC.
Située au centre de la presqu’île de Nouméa, la mangrove de Rivière Salée, désormais composée d’un complexe de lagunes et de canaux, a fortement été remblayée et anthropisée au cours du siècle passé. Elle constitue désormais une enclave dans le tissu urbain et industriel dense de l’agglomération. La commune de Nouméa a désigné cette mangrove comme site prioritaire au regard des pressions qu’elle subit, tout en mettant en avant les acteurs notamment associatifs qui s’impliquent avec dynamisme dans la préservation de l’environnement de leur quartier. La mangrove de Rivière Salée s'est vu amputée d'environ 70% de sa surface en 60 ans. Le canal de Rivière-Salée est le seul lien avec la mer des mangroves de Rivière-Salée, du 4ème et du 5ème km.
Avant les exactions de mai 2024, la province Sud prévoyait avec l’appui de l’OFB, du Fonds Vert, de la Ville de Nouméa :
- la réalisation d’un diagnostic environnemental et social du territoire ;
- des travaux de restauration de l’hydrodynamisme au sein des mangroves et en suivre les effets ;
- la réduction des déchets par la pose de dispositifs et l’organisation d’opérations de ramassage ;
- de consolider des projets d’aménagement de sentiers à fins de cheminement en mode doux et de support d’information et de sensibilisation ;
- d’établir un plan d’actions partagé et quantifié (coûts, logistique, calendrier, pilotes) pour réhabiliter et préserver ces mangroves d’ici 2030.
Une cartographie des mangroves de Rivière Salée a été réalisée à l’aide d’un drone équipé d’un capteur LIDAR afin d’établir un état des lieux à l’échelle centimétrique, des limites des parcelles, de la surface et de la hauteur des palétuviers, de la présence de chenaux et de zones d’hyper-sédimentation dans les zones inaccessibles.
Le diagnostic socio-environnemental débuté en mars 2024, a dû être suspendu après les exactions de mai 2024, une nouvelle programmation doit être réalisée.
Avec l’appui de la ville de Nouméa et du programme PEBACC+, diverses opérations d’amélioration de l’hydrodynamisme ont été réalisées au 3ème trimestre 2024 dans la mangrove entre le parc urbain de Sainte Marie et la presqu’île de Ouémo : approfondissement de saignées dans les digues en place et enlèvement d’embâcles (obstruction du lit d'un cours d'eau par un amoncellement de débris) dans les chenaux (opérations réalisées par Caledoclean).
La ville de Nouméa prévoit également entre le 4ème trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025, de repositionner des buses afin d’améliorer la circulation de part et d’autre du sentier mixte vélo-piéton.
Ce site comporte encore des digues qui limitent fortement l’hydrodynamisme dans cette mangrove et la province Sud travaille avec la Ville de Nouméa, l’UNC, et des bailleurs potentiels sur un nouveau projet de déblaiement.
Les associations Caledoclean et SOS Mangroves ont été lauréats de deux appels à projet du budget participatif, Mon Idée Ma Province –MIMP, pour planter près de 10 000 palétuviers dans l’estuaire de La Coulée.
La Province accompagne ce projet par de l’expertise et la réalisation de diagnostics environnementaux (cartographie LIDAR, hydrodynamisme, gestion sédimentaire) pour s’assurer de la pérennité de cette mangrove et de ces plantations.
Un premier diagnostic terrain a été réalisé sur la mangrove très dégradée d’Ondémia mais les enjeux et les risques, notamment d’inondation, nécessitent de fédérer de nombreux acteurs pour s’engager dans un projet de réhabilitation.
Des projets de consolidation de cordons de mangroves littorales vont être mis en œuvre en vue d’atténuer les effets du changement climatique sur des traits de côtes érodés à Nouméa et au Mont-Dore avec l’appui du programme PEBACC+ (Adaptation au changement climatique fondée sur les écosystèmes dans les îles du Pacifique), mis en œuvre par le Programme Régional Océanien de l’Environnement (PROE) et financé par l’Initiative Kiwa (AFD) et du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM). Les protocoles issus de ces essais « démonstrateurs » pourront ensuite être déclinés à plus large échelle.
La collectivité dispose d’une cartographie précise à 50 cm et homogène de l’ensemble des mangroves de la province Sud et d’un indicateur de son état environnemental, pièce maîtresse du PAM 2030 : voir la cartographie
Ces données permettent de suivre les effets du changement climatique et de quantifier l’efficacité d’opérations de réhabilitation de mangroves.
La province Sud poursuit avec l’UICN, la consolidation de leur application ROM (réseau d’observation des mangroves) avec la création d’un onglet dédié à la Nouvelle-Calédonie.
L’application permet également d’envoyer aux services provinciaux un signalement précis en cas de pollution ou d’incivilité dans une mangrove, et des liens permettront de basculer sur les divers sites (municipaux, provincial, associatifs) où sont présentés les projets et les chantiers.
ℹ️ En savoir plus sur le réseau d’observation et d’aide à la gestion des mangroves
Divers visites et diagnostics se poursuivent dans les mangroves dites rurales de Boulouparis, Moindou, Bourail, Poya et Thio. Leurs bassins versants sont moins artificialisés mais subissent d‘autres types de pressions liées aux usages (mine, agriculture/aquaculture, aménagements littoraux…). Un travail est en cours pour réhabiliter l’hydrodynamisme des mangroves situées en arrière des fermes de crevettes dont l’activité a accéléré la croissance des palétuviers tout en comblant les chenaux de vidange des bassins.