
Très belle soirée de mobilisation à la province Sud contre les violences faites aux femmes en ce 25 novembre. L’auditorium du centre administratif était comble, les 200 invités ayant répondu présents à l’invitation de Martine Lagneau et Nicole Robineau, respectivement 1ère vice-présidente et présidente de la commission de la Condition féminine de la province Sud. Représentants de toutes les institutions locales et du haut-commissariat, coutumiers, élus des différentes forces politiques, acteurs de la société civile et du monde associatif… Ils étaient tous là, s’engageant aux côtés de la province Sud dans ce combat de conscience.
Prise de conscience
Une lutte longue et difficile qui se mène sur plusieurs fronts. Encourager les femmes victimes à sortir de l’engrenage de la violence, accompagner ces femmes en détresse à sortir du silence, les aider à se reconstruire mais aussi changer les mentalités pour prémunir les jeunes générations de ces situations et sortir de ces chiffres alarmants. Des chiffres rappelés au cours de la soirée qui nous interrogent « sur le pourquoi et le comment, en 2014, sommes nous confrontés à ce problème dans des proportions ahurissantes, a introduit Nicolas Vignoles, le directeur de la Communication de la province Sud donnant le ton de cette soirée qui, « comme toutes les manifestations organisées en Nouvelle-Calédonie, doit nous conduire à faire nôtre un mot. Celui de conscience. »
Rappelant quelques-uns de ces chiffres « inacceptables », Philippe Michel a engagé l’institution qu’il préside à « réveiller les consciences », à lutter contre la passivité coupable de la société calédonienne et à s’attacher de manière très concrète à faire progresser la situation des femmes au travers de textes réglementaires comme d’actions pragmatiques à l’exemple d’initiatives éducatives.
Urgence
« Des chiffres dramatiques, affligeants, pour Martine Lagneau, 1ère vice-présidente de la province Sud en charge de la Condition féminine. Des chiffres qui pourtant ne baissent jamais, qui ne font pas réagir la société, et contre lesquels il est temps d’agir et de poser un geste politique fort. »
Sincèrement et fortement engagée pour la condition féminine calédonienne, Nicole Robineau a repris le flambeau. Aujourd’hui présidente de la commission provinciale ad-hoc, son discours est avant tout pragmatique, la tête déjà pleine de rencontres et de discussions récentes avec les acteurs locaux, la tête déjà pleine de recherches sur ce qui ce fait de mieux ailleurs, en Métropole et de par le monde ; Et de citer quelques exemples qui pourraient correspondre aux besoins de la situation calédonienne, au regard de ce qui a déjà été mis en œuvre en l’espace de 15 ans. « Maintenant, il est temps de refaire une enquête statistique et de l’élargir à l’évaluation des dispositifs existants. Cette évaluation (qui existe en Métropole sous le nom de « supervision ») est nécessaire chez nous et n’a encore jamais été entreprise. Il nous faut voir ce qui manque, ce qui fonctionne, les mesures qui doivent être complétées. »
Mobilisation
Engageantes, les prises de parole de 3 des 33 ambassadeurs (Silipeleto Muliakaaka, seul conseiller provincial siégeant au sein de la commission de la Condition féminine, Jean-Michel Stoltz, magistrat, et Nickolas N’Godrella, éducateur sportif et tennisman) ont fait mouche. Devant les portraits de ces hommes exposés dans le hall d’accueil de l’hôtel de la province Sud, les 200 invités échangeaient déjà, autour d’un verre de l’amitié, sur ce qu’ils seraient en mesure d’entreprendre dans les mois à venir.
Téléchargez le dépliant (3 volets) :
Téléchargez la brochure (8 pages) :
Philippe Michel, président de la province Sud :
« S’il y avait une seule raison pour se mobiliser, ici, pour la cause des femmes victimes de violence, gardez à l’esprit que nous sommes inscrits dans un processus de construction d’une communauté de destin entre tous les Calédoniens pour permettre à chacune et à chacun de trouver sa place en société. Ce processus requiert un investissement personnel énorme de la part à tous. »
Martine Lagneau, 1ère vice-présidente de la province Sud en charge de la Condition féminine :
« Avec Nicole Robineau, présidente de la commission de la Condition féminine, au-delà d’une responsabilité, nous faisons aujourd’hui de cette cause un devoir. »
Nicole Robineau, présidente de la commission de la Condition féminine à la province Sud :
« Je viens de faire le tour de nos 14 communes. Il faut accentuer la décentralisation des l’information à l’endroit des femmes mais aussi des agresseurs. Il nous faut trouver des personnes-ressources, des femmes relais dans les communes, y multiplier les opérations de sensibilisation, mais aussi ouvrir des foyers d’accueil. Coexistent chez nous deux droits qui complexifient les choses. En contact avec le sénat coutumier, nous devrions créer avec l’aire Djubéa-Kaponé une Mission à la condition de la femme. »
Silipeleto Muliakaaka, conseiller provincial membre de la commission de la Condition féminine :
« Notre prise de conscience est récente, elle reste insuffisante. Les pouvoirs publics ont le devoir de la soutenir. Cette journée internationale ne suffit pas, l’action politique et sociale doit être quotidienne jusque dans nos écoles. Elle doit se traduire par un changement de comportement. Les femmes victimes de violence doivent être accompagnées pour ne pas être contrainte à la résignation. Il faut également que les sanctions pénales soient appliquées. Stop au laxisme et à l’impunité, agissons ! »
Jean-Michel Stoltz (magistrat, président de la cour d’Assises de Nouvelle-Calédonie pendant 20 ans)
« La violence faite aux femmes est théorisée, rendue abstraite par les films notamment quand on est jeune ; mais quand vous êtes au poste de police face à une femme terrorisée et blessée, la violence est terrible. Je ne peux pas oublier les cas que j’ai pu traiter au tribunal, ici ou en Métropole. Ce qui compte avant tout, c’est de changer le regard que porte l’homme sur la femme. Il ne faut plus que les hommes pensent qu’ils ont tous les droits sur les femmes. Le jour où l’homme regardera la femme comme une égale, nous aurons avancé. »
Nickolas N’Godrella (éducateur sportif et tennisman)
« Depuis que la campagne est lancée, j’ai beaucoup de retours de la part des jeunes et j’ai beaucoup discuté du respect de la femme avec les petits auprès desquels j’interviens à titre professionnel. En tant qu’éducateur, je m’engage. Et En tant que jeune papa, je m’engage. La situation me fait vraiment mal au cœur. Ma fille a 3 ans. »
Emmanuel Tjibaou (directeur du centre culturel Tjibaou)
« Il est important de faire prendre conscience aussi à la femme violentée qu’elle est une victime. Bien trop souvent encore la fille a honte d’être vue comme une fille facile parce qu’elle a subi une violence. Il est important également de discuter avec les jeunes hommes du respect que l’on se doit mutuellement, à commencer par le respect verbal, de très mauvaises habitudes langagières ont été prises par la nouvelle génération. Il est important de toucher un large public, toutes ethnies confondues : la violence faite aux femmes n’est pas un problème kanak comme on l’entend trop souvent, regardez les chiffres rappelés aujourd’hui. »
La soirée en image
Infos pratiques
Une campagne marquante
La campagne Ruban blanc proposée par la province Sud, c’est…
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le rappel de chiffres alarmants quant à la fréquence des agressions de par le monde et notamment chez nous où 1 Calédonienne sur 4 est victime de violence et 1 Calédonienne sur 8 de violence sexuelle. Des chiffres qui n’ont pas été mis à jour depuis 10 ans. Là aussi il y a urgence à dresser un état des lieux de la situation actuelle, y compris dans l’évaluation des différentes aides mises en œuvre depuis 15 ans ;
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une campagne « choc » qui a cours dans 45 autres pays, inspirée par une initiative canadienne (suite à l’assassinat de femmes par un homme) d’inclure l’engagement des hommes dans la défense de cette cause. Une première sur le Territoire. Président de la province Sud, benjamin et président du Congrès, sportif de haut niveau et éducateur, magistrat, médecin, élus de tous bords, président du sénat coutumier, directeur du centre culturel Tjibaou… Ce sont 33 Calédoniens qui se sont engagés cette année « à ne pas rester silencieux et passif » ;
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un court-métrage tchèque tout en image mais très parlant. Le visage d’une jeune femme maquillée de coups… qui se maquille pour les cacher… et dont les traits ne peuvent cacher son ressenti. Surprise, honte, dégoût, désespoir… Le poids des images, la portée des mots pour cette soirée consacrée à un thème qui ne prête pas à sourire et pour lequel il y a urgence à s’engager ;
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le rappel que la violence n’est pas une fatalité, que la loi condamne et sanctionne – à condition de porter plainte et d’aller en justice.