Demi-lunes, un patrimoine commun à tous les Calédoniens

« J’ai un vrai plaisir à inaugurer cette exposition. J’avais un grand-père qui vivait au Receiving station. Le rêve américain berce encore de nostalgie nos familles », a précisé la députée-maire Sonia Lagarde lors de l’inauguration de la nouvelle exposition temporaire du Musée de la Seconde Guerre mondiale en Nouvelle-Calédonie, baptisée « Architecture en conserve, demi-lunes, boîtes à histoires » qui a eu lieu le mercredi 15 octobre. Prévus pour durer plusieurs mois, ces baraquements en tôle montés en kit en seulement quelques heures, sont installés depuis plus de 70 ans. Il n’en reste pratiquement plus mais elles ont marqué la vie des Calédoniens et ont influencé notre style architectural.

« On est tous rentrés un jour dans une demi-lune. C’est une architecture qui n’est pas associée à une communauté comme les maisons coloniales ou les cases mais à l’ensemble de la population. Elles sont devenues après guerre des magasins, des cinémas, des salles des fêtes, des coopératives ou des églises. C’est le patrimoine de tous les Calédoniens », rappelle Fanny Pascual, commissaire de l’exposition et maître de conférence en histoire à l’Université de la Nouvelle-Calédonie.

Cette exposition propose un parcours ludique pour les plus jeunes et après le 31 janvier, elle deviendra itinérante pour permettre au plus grand nombre de découvrir cet héritage architectural et son influence sur les constructions modernes. Elle sera notamment accueillie par l’IUFM. « Le musée participe à la construction du destin commun. Il raconte l’histoire commune du pays. C’est un espace civique qui doit susciter l’intérêt de toutes les générations », a conclu le président de la commission de la Culture de la province Sud, Léonard Sam.

Quelques anecdotes à découvrir lors de la visite de l’exposition « Architecture en conserve »

• Les demi-lunes ne sont pas Américaines mais Britanniques ! Elles doivent leur apparition à l’inventeur anglais Peter Norman Nissen en 1916. Sa forme incurvée était prévue pour limiter l’impact des obus.
• Avec l’installation de ces Quonset huts (demi-lunes), l’espace urbain s’accroît de 13 % entre 1942 et 1945.
• Les quartiers qui ont accueilli le plus grand nombre de demi-lunes sont l’île Nou qui fut une base d’hydravions et le Receiving.
• En 1947, à proximité de l’Eglise du Voeu, le Receiving Station se transforme pour accueillir plus de 93 familles calédoniennes. Les dernières quitteront les lieux vers le début des années 80.
• Les demi-lunes sont généralement utilisées comme docks, ateliers, dortoirs, réfectoires. Mais après la guerre, elles sont transformées en magasins, en cinémas comme le Ciné Tropic, en églises ou encore en hangars pour les coopératives agricoles comme à Pouembout.
• Henri Lafleur fait démonter une demi-lune implantée sur Nouméa pour l'installer sur la mine de Tiébaghi. Baptisée « The Club », ce lieu de détente pour les travailleurs a aussi bien servi aux offices religieux qu'aux bals.