19 L E S V I C T I M E S D E H A R C È L E M E N T S E X U E L N ’ O N T P A S D ’ H U M O U R ? L’humour, et son camouflage en amusement bénin à travers l’argument « c’est juste une blague », joue un rôle majeur dans la diffusion des préjugés sexistes. La moquerie sexuelle participe, rituellement, de l’infériorisation des femmes. Les plaisanteries graveleuses à répétition, les remarques sur l’apparence physique constituent des armes redoutables pour discréditer l’autre, le discriminer et l’exclure. L’étalage de blagues et d’allusions misogynes, sexistes, grivoises, voire les trois, même non dirigées contre une personne en particulier, crée une ambiance sexiste potentiellement constitutive de harcèlement qui n’a pas sa place au travail. Il est important de souligner qu’un sourire poli suite à un compliment déplacé ou à une mauvaise blague sexuelle ne démontre pas nécessairement une adhésion au comportement mais peut relever de la gêne. Accepter des insultes envers les femmes et des blagues sexuelles et sexistes, c’est de fait autoriser les violences. Il est important de souligner que si l’humour a toute sa place au travail, la maîtrise de notre langage est le signe que notre société progresse6. 6 Pour approfondir cette question, voir le Rapport Le sexisme dans le monde du travail. Entre déni et réalité du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, 6 mars 2015. 3) Définition légale du harcèlement sexuel En droit, le harcèlement sexuel est assimilé à une discrimination fondée sur le sexe. Le « harcèlement discriminatoire » est en effet défini comme « tout agissement lié à l'un des motifs [de discrimination] subi par une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant », selon la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations. Il importe de ne pas confondre le harcèlement sexuel avec d’autres formes de harcèlement discriminatoire fondé sur le sexe7 qui n’ont pas de connotation sexuelle. Par exemple, le fait de ridiculiser régulièrement une subordonnée ou une collègue en arguant qu’elle est incompétente en raison de son sexe ou le fait de la dénigrer, en ne lui adressant pas la parole parce qu’elle est une femme, constitue un harcèlement discriminatoire fondé sur le sexe. 7 Voir la brochure sur Le harcèlement discriminatoire au travail du Défenseur des droits, septembre 2018.
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