Le deuxième atelier des Assises du développement rural, qui s’est déroulé au centre socio-culturel de La Foa, a été consacré au revenu des agriculteurs. Une des volontés fortes de la province Sud est de faire en sorte que les salaires dans ce secteur atteignent un niveau décent.
Les agriculteurs ne représentent aujourd’hui que 5 % de la population active. Cette désaffection pour ce métier est dû en grande partie a des rémunérations trop faibles, de l’ordre en moyenne et par exploitant, de 152 000 francs par mois. « Même si nous sommes passionnés et que nous voulons vivre de la terre, nous avons besoin de gagner de l’argent », tance un jeune homme qui s’est lancé dans l’élevage ovin, suscitant des applaudissements nourris dans la salle du centre socio-culturel de La Foa,…
L’exigence d’un salaire décent
Ces revenus agricoles trop faibles provoquent un exode rural vers d'autres secteurs plus rémunérateurs et, par ricochet, entraîne une perte de l'outil de production. « Maintenir notre agriculture est stratégique pour éviter notre dépendance alimentaire et ne pas subir la flambée des prix des cours mondiaux, comme cela était le cas avec la crise mondiale des céréales en 2007-2008. La ruralité crée de la richesse et de l'emploi et maintient les populations sur l'ensemble du territoire », a précisé Nicolas Metzdorf, président de la commission du Développement rural.
L’absence de statut
Les 350 participants de la première journée de ces Assises sont revenus longuement sur les difficultés qu’ils rencontrent, comme l’attractivité d’autres secteurs professionnels, le manque de main-d’œuvre, l’absence de statut (entrepreneur agricole, cotisations retraite, protection sociale, aides familiales) ou l’inexistence de règlementation encadrant les marges.
Sur un mode très participatif, les professionnels du monde rural ont pris la parole pour la première fois en 16 ans.« Il y a pas eu de réunion de ce type, une réflexion commune et partagée sur l’agriculture depuis 1998 », a rappelé Philippe Michel, président de la province Sud lors de son discours d’ouverture des Assises du développement rural.
Le manque de formation
La formation est revenue souvent dans les remarques des participants, en particulier une meilleure connaissance de la gestion, de la comptabilité, des ressources humaines ou encore des connaissances juridiques. L’objectif premier pour faire progresser les salaires est d’augmenter la production, comme le confirment les chiffres de la DAVAR, d’autant que la marge de progression est très importante pour de nombreuses filières. Le coût de production élevé est un frein majeur. « Il faut revoir les circuits de commercialisation, se regrouper pour mieux négocier les prix des matières premières. Il y a aussi une très forte demande des consommateurs de découvrir les exploitations agricoles », confirme l’un des participants.
Se diversifier et mutualiser
L’agrotourisme, les circuits courts (du producteur au consommateur, le réseau AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) sont des solutions intéressantes qui permettent aux agriculteurs de mieux gagner leur vie. Il y a aussi la volonté de mutualiser les moyens et les matériels. « Le taux d’équipement est en progression », confirme Jacques Beaujeu, directeur adjoint de la direction du Développement rural. Il faudrait peut-être développer les coopératives agricoles ». « Il faut également travailler avec l’agroalimentaire et valoriser nos produits en les transformant », complète un autre agriculteur. Enfin, l’idée d’ouvrir aux jeunes agriculteurs une ferme, à l’instar des pépinières d’entreprises, où ils pourraient faire leurs preuves en partageant les frais et les équipements, a été proposée plusieurs fois par l’assemblée présente.