Pas d’impact sur la qualité de l’eau, mais l’obligation pour l’industriel de revoir la conception et le tracé de l’émissaire marin. Voilà ce qu’il ressort des études diligentées par la province Sud suite à la rupture du tuyau constatée le 11 novembre 2013.
Pas d’impact mesurable sur la qualité de l’eau
L’expertise de l’ŒIL menée pour évaluer la qualité des eaux « à chaud », dès le 14 novembre, conclut à la conformité de la qualité des eaux eu égard aux paramètres recherchés (teneur en nickel et manganèse notamment). De manière plus générale, les mesures permises par l’installation aux abords de la zone de la rupture et en différentes profondeurs de 7 stations, attestent d’une qualité satisfaisante de l’eau par rapport aux référentiels internationaux.
Menée entre le 20 et le 30 novembre dernier par une mission indépendante conjointe de l’INERIS et de l’IFREMER (l’ARC), l’analyse des impacts environnementaux de la fracture du tuyau en bout d’émissaire, juste avant le diffuseur, est également rassurante. Aucun effet n’était mesurable, les analyses de l’effluent menées par l’industriel étaient jugées fiables et avec un résultat conforme à l’arrêté provincial initial d’autorisation d’exploiter (ICPE). Enfin, aucun impact sur la faune et la flore aquatiques n’a été constaté. La mission a également vérifié et confirmé qu’aucun impact n’était à déplorer non plus en fonctionnement normal.
Pour aller au-delà
L’ARC a cependant émis quelques points de recommandations pour coller à la mise à jour des règlementations métropolitaines et européennes. Elle préconise de suivre plus finement l’élément mercure, au nanogramme près, ainsi que 33 substances devenues prioritaires. Elle conseille également de mesurer les traces de sous-produits comme l’ISOPAR et le CYANEX (solvants utilisés dans le procédé), de consolider la qualité des données existantes et de réaliser une synthèse de l’ensemble des données disponibles pour les rendre plus lisibles et mieux exploitables.
Une réparation temporaire du tuyau très surveillée
Le 27 décembre, c’est TECNITAS qui remettait son expertise sur les réparations à effectuer.
A court terme, les réparations temporaires prévoient le raccordement de l’émissaire, le renforcement de sa sécurisation, sa désaération et l’installation de détecteurs d’anomalie (fuite, rupture…) efficaces. Le tout pour permettre une exploitation sécuritaire sur une durée limitée, le temps de travailler à une solution pérenne. A ce titre, une revue de conception indépendante est imposée à l’industriel par l’arrêté provincial de mise en demeure promulgué suite à l’accident. Texte qui prévoit également une ultime tierce expertise par TECHNITAS.
Les projets de modifications présentées par l’industriel au CICS mercredi 25 juin restent à être validés par TECNITAS. Ils sont de quatre ordres :
Déplacer la partie finale du tracé de l’émissaire (les 3,5 derniers kilomètres avant le diffuseur) sur un sol moins accidenté, moins vallonné, source d’accumulation d’air dans le tuyau.
Installer un bassin de désaération à terre, en amont de l’émissaire marin. Objectif de cette canalisation peine d’eau en permanence : éviter l’entrée d’air dans le tuyau d’évacuation de l’effluent liquide.
Poser des lestages supplémentaires le long de l’émissaire marin pour éviter toute remontée en surface du tuyau. Les données océanographiques internationales, revues depuis la conception initiale de l’émissaire, rejoignent cet impératif de renforcement de lestage.
Créer une trentaine de trous d’évacuation d’air supplémentaires (d’un centimètre de diamètre) le long de l’émissaire.
Suite à ces quatre propositions de modification conceptuelle, la province Sud propose à l’ordre du jour du prochain CICS de fin juillet, l’étude de trois futurs arrêtés :
un arrêté fixant le calendrier maximal des travaux
un arrêté d’autorisation d’occupation du domaine public, en conformité avec le nouveau tracé de l’émissaire
un arrêté environnemental sur la pose de la nouvelle partie du tuyau (et de la dépose de la partie ancienne, le cas échéant, la question n’ayant pas encore été étudiée)
Infos pratiques
Retour sur l’accident Le 11 novembre 2013, à l’occasion d’une rotation, le Betico signale la rupture de l’émissaire marin de l’usine du Sud, provoquée, on le saura par la suite, par une accumulation d’air. Les constations in situ montreront l’existence d’une première rupture antérieure de trois mois.