La restitution des Assises du développement rural a permis de présenter, à Bourail le 17 juin, à plus de 600 professionnels les grands axes d’une nouvelle politique agricole pour les dix prochaines années. Voilà comment.
Objectif général de la « Politique publique agricole provinciale 2025 » : mieux satisfaire et les producteurs et les consommateurs. C'est d'abord la méthode de travail qui a été présentée aux représentants du monde rural : un partenariat étroit entre la chambre consulaire qui les représente et la direction du développement rural (DDR) de la province Sud. Un processus de « co-construction » qui a déjà fait ses preuves pour les Assises. Ce sont ensuite les pistes de travail qui ont été évoquées. La nouvelle politique s’articule autour de 7 grands principes qui constituent la nouvelle feuille de route à mettre en œuvre.
Premier principe : tendre vers l’autosuffisance alimentaire (augmenter le taux de couverture de nos besoins).
Deuxième : mieux satisfaire les consommateurs (en termes de quantité et de prix).
Troisième : développer et professionnaliser nos filières. Une approche spécifique en fonction des types de production (céréales, fruits et légumes, volailles, bovins, ovins...) pour tenir compte des spécificité de chacune sur les différents segments du marché : production mais aussi collecte, stockage, transport, commercialisation, etc.
Les producteurs au centre du dispositif
Quatrième axe de travail : s’appuyer pour chacune de nos filières sur l’instauration d’un « agrégateur », une plateforme de structuration, d’harmonisation et de modernisation du haut en bas de la chaîne de production, de la semence à la vente, en passant par la distribution. Un organisme de statut privé, soutenu par les pouvoirs publics. « En quelque sorte un “OCEF privé” », explique Philippe Michel, pour assurer une coordination de la mise en marché, ce qui devrait garantir des qualités et des prix équivalents pour tous, et meilleurs pour le producteur comme pour le consommateur."
Premier agrégateur qui devrait voir le jour : celui de la filière fruits et légumes, qui représente à elle seule 40 % du chiffre d’affaire généré par l’agriculture calédonienne. Et qui pourrait être soutenu par PromoSud, le bras armé des investissements provinciaux au bénéfice du développement économique. Coup de tonnerre en perspective. Mais ça marche ailleurs, à La Réunion notamment où existent les SICA, Sociétés d’intérêt collectif agricole. « Je rappelle toujours, complète Nicolas Metzdorf, que l’île de La Réunion, grande comme deux fois Lifou, affiche un taux de couverture de 40 %.... ». De quoi, chez nous, faire des progrès !
Cinquième axe : mieux intégrer l’agriculture familiale et de subsistance au système agricole. Une agriculture non marchandage mais qui tient une place importante dans le paysage calédonien.
Sixième objectif : être performants et le rester en intégrant la Recherche et Développement (R&D) dans le développement de chaque filière. Les technologies évoluant, de nouvelles perspectives sont à portée de main, comme pour le riz par exemple.
Et enfin : mettre en cohérence toutes les aides publiques et les réglementations existantes. « Normes phytosanitaires et douanières, code des investissements, défiscalisation… Il faut que les collectivités, institutions et établissements publics – puisque tout le monde est habilité et intervient dans le monde agricole – se coordonnent, explique Philippe Michel. « Nous démarrerons par la problématique de la disponibilité foncière, avec le dépôt au Congrès d’un projet de loi de pays sur les baux ruraux sur terrain privé », détaille Nicolas Metzdorf.
Consultez le diaporama présenté pendant la restitution des Assises du développement rural, le 17 juin.