La biodiversité calédonienne est reconnue comme l’une des plus riches au monde. Ce qui ne l’empêche pas d’être menacée de toutes parts. Consciente de cette réalité, la province Sud a non seulement entrepris un vaste travail d’inventaire des espèces animales et végétales, mais aussi mis en place tout un arsenal de mesures destinées à les protéger.
Dossier réalisé par Christine Allix
Préserver la biodiversité : un objectif et un défi !
Dans un pays qui doit faire cohabiter industrie minière et richesses naturelles, la biodiversité est menacée. La province Sud l’a compris et entend sauvegarder ce qui est considéré par tous les spécialistes comme le « musée de la planète ».
La biodiversité, au sens étymologique du terme, évoque la diversité du vivant, c’est-à-dire tous les processus, les modes de vie ou les fonctions qui conduisent à maintenir un organisme en état de vie, la contraction de « diversité biologique » désigne « la vie sur terre » et englobe la diversité des écosystèmes, des espèces et de l’information génétique. Chaque région accueille des espèces dites endémiques, qui lui sont caractéristiques. À ce niveau, la Nouvelle-Calédonie est un véritable joyau, le nombre d’espèces et le taux d’endémisme en font un des pays à plus forte biodiversité de la planète. les spécialistes du site endemia.nc la qualifient d’ailleurs de « musée de la planète » tant elle regorge de richesses naturelles. le territoire n’est pourtant pas à l’abri des menaces. À l’instar de ce qui se passe dans le monde, les terres occupées par l’homme s’étendent et les milieux naturels régressent. Avec, en filigrane, la disparition plus ou moins programmée de milliers d’espèces. la province Sud a compris l’importance de l’enjeu et a fait de la préservation de l’environnement une de ses priorités pour les dix années à venir.
Compétente en la matière, l’institution est aussi et surtout garante de la conservation de la biodiversité et du maintien de la Nouvelle-Calédonie comme site excep-tionnel mondialement reconnu.
La Province sur tous les fronts
À ce titre, elle a élaboré une stratégie spécifique de conservation de la bio-diversité. Afin de mieux connaître cette richesse, elle a notamment participé à la définition des zones importantes pour les oiseaux, et a fait réaliser un inventaire botanique et zoologique des parcs et réserves naturelles terrestres. elle a aussi mis en place un vaste plan de lutte contre les menaces récurrentes et reconnues que sont les feux — participation à la définition d’un système d’alerte opérationnel et répression —, les espèces envahissantes — dispositifs de lutte spécifique (rats, miconia…) et plans de prévention. On retiendra également le pôle impact pour « concilier la protection de l’environnement et développement économique », selon la direction de l’environnement (DENV) de la province Sud.
Le code de l’environnement est exemplaire. en réglementant la récolte et l’exploitation des ressources génétiques et biochimiques, en établissant des règles précises quant aux aires et aux espèces protégées, aux sites naturels, aux défrichements et aux espèces envahissantes, la Province a fixé un cadre qui vise à permettre un développement économique durable.
Programmes ambitieux
Parallèlement, ont émergé des programmes de conservation ambitieux. la Province a poursuivi sur sa lancée en définissant un plan de gestion pour une des principales IBA (« Important Bird Area » ou aire prioritaire de conservation et de protection des oiseaux), à Nakada-Do. elle a également initié un plan de conservation du cagou pour, dixit la DENV, « assurer sa conservation, améliorer les connaissances et réintroduire cet oiseau emblématique sur les sites clés ». Dans le même ordre d’idées, mais en termes d’écosystème cette fois, la Province est un pilier du programme « Forêt sèche » qui a permis de restaurer, de régénérer et de densifier l’un des écosystèmes les plus menacés du territoire tout en favorisant l’émergence d’une filière de production de plants. Parallèlement, le réseau d’aires proté-gées ne cesse de se développer. et de se diversifier. Sur l’île leprédour, un programme pionnier au niveau mondial d’éradication d’espèces envahissantes et de restauration forestière a vu le jour pour conserver la biodiversité exceptionnelle d’une réserve gravement menacée. Au cap N’Dua, un plan de gestion participatif et de conservation est en cours, avec, à terme, le développement d’une activité d’écotourisme et la création du premier observatoire terrestre « baleines » en Nouvelle-Calédonie.
Humains et nature interdépendants
Au travers de toutes ces initiatives, la province Sud poursuit un seul et même but : préserver la biodiversité, en proté-geant les espèces et en restaurant les sites dégradés, tout en privilégiant la démarche participative. le tout sans négliger l’aspect économique. Car la préservation de la nature est bien évidemment compatible avec l’écotourisme. Des activités comme la randonnée pédestre ne peuvent en effet que lui être bénéfiques. tout comme la création d’aires de gestion durable des ressources (AGDR) aux Bois du Sud et aux Chutes de la Madeleine, qui permettent de mieux gérer et préserver les richesses naturelles. et leur intérêt pour l’homme.Car, au-delà de la beauté des espèces et des sites, la nature est aussi là pour réguler la vie sur terre. Une étude réalisée en 2005 par plus de 1 000 scientifiques a d’ailleurs mis en évidence trois catégories de services rendus par les écosystèmes : les services d’approvisionnement (fourniture de nourriture, d’eau douce, de bois…), les services de régulation (stabilisation du climat, contrôle des inondations ou de l’érosion…) et les services culturels. Faites disparaître une forêt et vous éliminez du même coup un fournisseur de bois, un fixateur de sol, un contrôleur d’érosion et un refuge d’organismes et de micro-organismes. Rien de moins ! Alors, avant de prélever un végétal, de jeter votre papier par la fenêtre ou de tuer un animal, réfléchissez à deux fois. Il y va de votre avenir et de notre avenir à tous !
Randonnée pédestre La province Sud dispose actuellement d’un réseau de 150 kilomètres de sentiers homologués : 13 sentiers de petite randonnée et 1 GR (7 étapes construites). Un comité de pilotage a même été créé pour « développer l’écotourisme, fédérer les interlocuteurs et mieux communiquer ». |
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« Le parc des Grandes Fougères est unique en son genre »
Établi sur un domaine provincial et géré par un syndicat mixte, le parc des Grandes Fougères est une réserve spéciale de faune et botanique, le premier en Nouvelle-Calédonie à marier protection de l’environnement, usages et activités humaines. Ghislaine Arlie, présidente de la commission de l’environnement, nous en dit un peu plus.
Ouvert en novembre 2008, le parc des Grandes Fougères trace peu à peu sa route. « Même s’il est géré par un syndicat mixte composé de la province Sud et des trois communes de Farino, Sarraméa et Moindou, c’est bien un parc provincial », tient à préciser d’entrée Ghislaine Arlie, présidente de la commission de l’environnement. Ce parc ne ressemble pourtant à aucun autre. D’abord, parce que ses 4 535 ha s’éten-dent sur trois communes et que 80 % des arbres qui y poussent sont cauliflores (arbres dont les fleurs et les fruits poussent à même le tronc et les branches). ensuite, parce qu’il a vocation à s’agrandir sur le délaissé d’une exploitation forestière qui, rien que sur la zone du col d’Amieu, représente près de 12 000 ha. enfin, parce qu’il est accessible gratuitement à tous les habitants de la zone et qu’il dispose d’une zone de chasse de 1 000 ha ouverte un mois par an. Cette dernière disposition devrait pourtant être revue pour 2011. « Nous souhaiterions y interdire la chasse aux notous et aux roussettes, confirme Ghislaine Arlie. On ne peut pas protéger ces espèces pendant onze mois et les tuer pendant un mois. »
Projets d’activités multiples
Le parc des Grandes Fougères a fait l’objet d’une opération groupée d’aménagement foncier (Ogaf), avec mise en place d’un cahier des charges, d’une charte et d’un label spécifiques. Près de 12 000 personnes l’ont fréquenté en 2009. « L’objectif est, aujourd’hui, de proposer d’autres activités que la seule randonnée pédestre (près de 50 km de pistes), pour que les gens aient envie de revenir, explique Ghislaine Arlie. À l’image de ce qui se fait à la rivière Bleue, nous tablons sur des opérations de reboisement, des visites guidées (12 guides sont d’ores et déjà opérationnels) et toute opération à la fois simple à mettre en place et facile à pratiquer. »