Pierre Forest : la passion du sport et de la jeunesse en réussite
Actualité publié(e) le 20/07/2012Ce grand Monsieur du sport et de la jeunesse en général ne songe pas un instant à la retraite, bien au contraire.
Pierre Forest félicité par Pierre Frogier, Eric Gay et Alain Lazare lors de la cérémonie de remerciements organisée pour son départ de la province Sud, au château Hagen. |
Il en rit encore. En 1989, au premier jour de la mise en place de la province Sud, Pierre Forest et ses collègues de la direction territoriale de la jeunesse et des sports qui avaient choisi la province Sud attendaient à Ko We Kara, avec leurs cartons. On devait leur indiquer un bâtiment et la direction d’accueil où s’installer. « On a attendu un mois et demi. Mais on venait pointer tous les jours » s’amuse-t-il. Et 23 ans après, il mesure tout le chemin parcouru.
S’il fallait retenir un mot pour le caractériser, ce serait sans aucun doute « passion ». Ce fils de Luengöni, dans le district de Lössi à Lifou, aime, vit, respire à pleins poumons le sport. « Quand j’étais au lycée, je courrais le 100 mètres en 11 secondes au stade de Magenta. J’avais même franchi une fois 7 mètres au saut en longueur. Aujourd’hui, j’y arriverai peut-être en triple saut » plaisante-t-il.
Monsieur rugby
Le bac en poche, il quitte la Nouvelle-Calédonie pour le sud-est de la Métropole et des études d’éducation physique et sportive. « Je voulais devenir professeur d’EPS. Ces cinq années d’études ont été longues et difficiles. » Heureusement, il croise, pour sa première année à Nîmes, les crampons de Marc Kanyan qui était sous contrat avec le club de football de la ville, le Nîmes Olympique. « Il m’invitait le soir à venir manger chez lui car je n’avais pas beaucoup d’argent pour m’alimenter, et les repas du resto U (universitaire) n’étaient pas terribles ! Il m’a beaucoup aidé avec son épouse pour ma première année en métropole. Je luis dois énormément » se souvient Pierre Forest avec une pointe d’émotion dans la voix.
Diplôme en poche, il revient sur le Territoire et attend qu’un poste se libère. Il est nommé conseiller technique territorial de rugby à la Direction territoriale de la jeunesse et des sports de 1982 à 1989 avant d’occuper la même fonction à la province Sud durant un an. Son travail est reconnu, et dès 1990, on lui confie la coordination d’une dizaine d’éducateurs sportifs. Jusqu’en 1997, il multiplie les initiatives : initiations dans les écoles, mise en place des écoles de sport le mercredi après-midi et le soir, création des opérations sports vacances dans les quartiers, les villages et les tribus. « J’aimais vraiment être sur place, au contact des jeunes et des éducateurs. Dans le quartier de Montravel on arrivait à rassembler avec Marc Kanyan devenu éducateur sportif à la province Sud quelques 300 jeunes du quartier pendant les vacances ! » se souvient Pierre Forest.
Amoureux du rugby, sa pointe de vitesse le prédispose au poste de ¾ aile qu’il occupe au sein de la sélection calédonienne. Et aux Jeux de Suva (Fidji), en 1979, les Cagous de l’ovalie remportent une médaille de bronze miraculeuse. « C’est un immense souvenir. On a joué contre la grande équipe des Samoa. On aurait dû perdre le match cent fois, mais on l’a gagné ce jour là. Nous étions transcendés devant plus de 35 000 spectateurs. »
Une coutume a été présentée par le président de la province Sud au clan représentant la famille de Pierre Forest, sous les yeux de sa maman. |
Entraîneur et conseiller technique
Ce sera le début d’un grand palmarès : en 1983 il est joueur et entraîneur au Jeux de Port-Moresby (Papouasie Nouvelle-Guinée) où la NC finit 4ème ; devenu entraîneur en 1987, la sélection de NC remporte la médaille d’or aux Jeux de Nouméa face aux îles Cook ; en 1991, c’est une quatrième place à Port-Moresby ; et en 1995, une nouvelle médaille d’or aux Jeux de Tahiti. « Après j’ai passé la main. »
Du terrain au bureau
En 1997, sa vie bascule malgré lui. On ne lui laisse pas le choix : « Tu es nommé chef du service des sports de la province Sud » lui annonce-ton alors qu’il n’a pas postulé à l’AVP pour la succession d’Alain Lazare chef du service des sports à ce moment là. « J’ai quitté le terrain pour un nouvel uniforme, plus administratif. » Il découvre les investissements comme les contrats de développement Etat-Province et la partie financière comme les subventions accordées au mouvement sportif. Son travail est à nouveau récompensé en 2004 avec sa nomination comme directeur à part entière de la jeunesse et des sports. Un poste qu’il a occupé jusqu’à cette année.
« Cela a été une grosse responsabilité » avoue Pierre Forest qui eu à gérer de gros budgets d’investissement. On peut citer les réalisations , entre autres, du centre d’accueil de Poé (Bourail),de la rénovation du stade du PLGC, l’extension du centre d’activités nautiques de la côte blanche, le complexe sportif de Waho (Yaté) et la mise en place du conseil provincial des jeunes, un véritable travail d’équipe en interne à la direction.
Pierre Forest a souvent fait rire l’assistance en évoquant ses souvenirs de 23 années passées à la Province. |
Pour les tribus
Pour autant, sa plus grande fierté se situe auprès de ses racines. « On a pu réaliser des équipements de proximité dits « espace loisirs » au sein des tribus grâce au contrat de développement 2006-2010. » A Boulouparis (KOUERGOA), à La Foa (tribus de OUIPOINT, KOINDE, OUATOM), à Bourail (tribu de OUAOUE) et à Thio (tribus de NAKALE, SAINT PAUL, BOTAMERE), à Paita (tribus de ST LAURENT et de BANGOU)... des plateaux polyvalents en gazon synthétique ont été créés. Ils servent à la pratique de nombreuses disciplines comme le football, le basket, le hand, le badminton ou le tennis, mais aussi aux activités socio-éducatives organisées en tribus. « Ce qui est intéressant, c’est que ce sont les jeunes des tribus qui ont participé à la réalisation de ces terrains avec l’entreprise de Nouméa. Ainsi, ils se sentent concernés et respectent l’installation » tient-il à souligner.
Pierre Forest a connu trois présidents de Province (Jacques Lafleur pour trois mandats, Philippe Gomes et Pierre Frogier ). Il a travaillé sous la houlette de Pierre Bretegnier, Philippe Michel, Eric Gay et Alain Lazare comme vice présidents chargés du secteur jeunesse et sports. « Comme ce sont tous des fous de sport et attentifs aux questions de la jeunesse, je n’ai jamais eu à me battre pour les convaincre. Ils ont toujours prêté une oreille attentive et validé les projets de la direction» se réjouit-il.
Beaucoup étaient présents, jeudi 12 juillet, pour lui rendre hommage, au château Hagen. Une coutume, un verre de l’amitié et des mots chaleureux ont salué son départ vers une autre fonction. « Nous sommes partis de rien. J’ai vu grandir la Province » leur a-t-il répondu. « Mais je crois que c’est surtout la Province qui m’a vu grandir. » Sans regret, il a rejoint le gouvernement (lire par ailleurs). Et il a prévenu : « J’ai toujours la même passion. Je suis loin d’être à la retraite. »
Texte : Frédéric Huillet
Photos : Fabrice Wenger
Alain Lazare, 1er vice-président de la Province, a rendu un vibrant hommage à l’ancien directeur de la jeunesse et des sports. |
Directeur de la Jeunesse et des Sports de la Nouvelle-Calédonie Pierre Forest est, depuis le 1er juin, Directeur de la Jeunesse et des Sports de la Nouvelle-Calédonie au gouvernement et fier d’être le premier calédonien à occuper ce poste. « Maintenant, j’ai en charge une direction dont les missions sont celles d’observation, d’analyse, de conseil, d’accompagnement et d’expertise. Des missions relatives également à la protection des usagers tant au niveau de la réglementation des infrastructures sportives et socio-éducatives que de la pratique sportive de haut niveau » (ndlr : la lutte contre le dopage). Selon lui, la Nouvelle-Calédonie est déjà bien dotée en équipements sportifs structurants. La priorité se situe à présent sur la formation, compétence qui relève de la NC « Il faut creuser dans le domaine des formations pour tous qui débouchent sur un emploi, y compris dans les endroits les plus reculés » explique-t-il en évoquant les nouveaux parcours de randonnées pédestres, équestres ou VTT qui ont besoin de personnels d’encadrement formés aux diplômes calédoniens. D’ores et déjà, se prépare l’organisation du Festival Jeunesse 2013 qui se tiendra sur le Territoire et accueillera 500 jeunes sportifs du Pacifique aux côtés de 5OO autres jeunes calédoniens. Ce moment de partage pour les 17-25 ans nécessite une grande préparation. Dans ce droit fil, il s’interroge aussi sur l’avenir de la jeunesse dont certains sont en difficulté et en perte de repères. « Il ne faut pas la montrer du doigt » prévient-il. « Les jeunes ont de grandes qualités en général qu’il faut valoriser. Ils doivent être au cœur des préoccupations des collectivités comme c’est déjà le cas avec la province Sud qui a mis en place toute une série de dispositifs à leur disposition. Il faut continuer. » Et d’évoquer l’âge charnière des 17 ans pour ceux qui ont quitté l’école (l’école étant obligatoire jusqu’à 16 ans) mais qui ne sont pas encore majeurs. « Nous devons réfléchir à la mis e en place d’une structure obligatoire qui servirait de filtre pour ces jeunes là » insiste Pierre Forest avec, déjà, quelques pistes de réflexion dans ses tiroirs. |