Leprédour, le jardin expérimental

Seule l’immense mangrove dans la partie Sud de l’îlot Leprédour, Tani en langue kanak, se porte à merveille. Cette situation catastrophique est due en grande partie à l’importation d’animaux nuisibles, comme le cerf, le lapin ou encore le rat, et le développement de plantes envahissantes. Au fil des ans, les animaux de cet îlot situé sur la commune de Boulouparis ont presque fait entièrement disparaître sa végétation originelle.

Un exemple pour l’ensemble du territoire

Dans le but de stopper le processus de perte de la biodiversité de l’île, différents acteurs sensibles aux enjeux de conservation et de protection de l’environnement se sont mobilisés dès 2009 pour lancer une initiative collective en faveur d’un programme de restauration écologique de Leprédour.

Directions provinciales de l’Environnement, du Développement rural, Fédération de la faune et de la chasse, Sud Forêt, Conservatoire des espaces naturels, organismes de recherche (IAC et IRD) et État ont mis en place une stratégie communes afin de lutter contre les espèces envahissantes et ainsi favoriser la repousse des espèces endémiques.

Tous les partenaires se sont réunis le mercredi 29 janvier 2014 autour d’Alain Lazare, maire de Boulouparis et premier vice-président de la province Sud,  afin de constater les avancées du plan de restauration écologique de l’îlot.

Dix fois moins de lapins

En matière d’animaux nuisibles, les chasseurs ont effectué un énorme travail en 28 mois ce qui a permis d’obtenir aujourd’hui une population de cerfs très faible puisque l’on n’en compte moins d’une dizaine environ.

Concernant les lapins, « la polémique autour de l’empoisonnement est derrière nous, assure Marcel Canel, de la Fédération de la faune et de la chasse. Après avoir essayé différentes méthodes et types de de chasse, les résultats sont visibles sur le terrain, même si nous n’avons pas encore atteint notre objectif ». En 2009, des chercheurs néo-zélandais avaient estimé la population de lapins à environ 11 000 individus. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que 1 500.

13 Km de piste pour aider les chasseurs

Pour Pascal Vittori, deuxième vice-président de la province Sud en charge de l’Environnement, le plan de restauration est aujourd’hui à la croisée des chemins. Un investissement de 9,6 millions de francs a permis de refaire 13,4 kilomètres de pistes qui permettront de faciliter les déplacements des chasseurs ainsi que l’accès aux zones de restauration écologique et de reboisement de l’île.

La réfection des pistes est le dernier chantier en date sur l’îlot. Un chantier peu ordinaire puisqu’il a fallu acheminer les engins sur des barges.

La forêt sèche restaurée

En parallèle de la chasse, des opérations de reboisement ont été réalisées, notamment sur des espèces de forêt sèche. D’autres plantations sont envisagées, afin  de « lutter contre l’érosion et aussi, pourquoi pas, de produire du bois, explique Sébastien Grenda, de la Saem Sud Forêt. Le projet se fera autour de deux principes : privilégier l’existant et utiliser uniquement des plantes locales et adaptées aux conditions particulières de l’ilot.

D’un point de vue global, Leprédour est « un laboratoire grandeur nature, estime Patrick Barrière coordinateur du pôle Espèces envahissantes du Conservatoire des espaces naturels. Les actions en place ici sont participatives et semi-professionnelles et serviront à élaborer des stratégies de régulation des espèces à l’échelle du territoire.»