Ils étaient soixante, le lundi 7 juin, dans l’hémicycle de la province Sud. Soixante futurs membres du conseil provincial des jeunes avec Marie-Luce Penchard et Pierre Frogier.
Ils étaient soixante, le lundi 7 juin, dans l’hémicycle de la province Sud. Soixante futurs membres du conseil provincial des jeunes avec, en face d’eux, deux hôtes de choix : Marie-Luce Penchard, ministre de l’Outre-Mer, et Pierre Frogier, président de l’assemblée de la province Sud.
« Il ne s’agit plus de stigmatiser la jeunesse, mais de la valoriser ! » Lors de son discours de bienvenue à Marie-Luce Penchard, la ministre de l’Outre-Mer, Jean-Yves Lemenant, conseiller spécial du président chargé de la jeunesse, a rappelé combien l’exécutif provincial prenait à coeur le devenir des jeunes du pays. La mise en place d’un conseil provincial des jeunes (CPJ) illustre à merveille cette volonté politique. Créée pour favoriser l’engagement citoyen de la jeunesse au sein de la province Sud, cette structure est à la fois destinée à associer les jeunes à la vie publique et à favoriser leur réflexion et leur expression sur tous les projets et actions les concernant. Le CPJ fonctionnera sur un modèle proche du comité économique et social (CES) et pourra être saisi par l’assemblée de province. Il pourra également s’autosaisir pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur des sujets l’intéressant. Véritable école de la citoyenneté et lieu d’apprentissage de la démocratie, le CPJ est composé pour deux tiers de jeunes scolaires issus de tous les collèges et lycées publics et privés de la province Sud et pour un tiers de jeunes adultes de 18 à 26 ans impliqués dans la vie associative des communes de la Province, soit au total soixante personnes.
La continuité territoriale pas remise en cause
La ministre de l’Outre-Mer a salué l’initiative, « particulièrement intéressante », de la province Sud d’avoir organisé cette rencontre. Elle a aussi évoqué le dispositif de la continuité territoriale, affirmant qu’il s’appuie sur « des critères justes et équitables », et que « l’enveloppe (740 millions de francs) et le nombre de bénéficiaires (11 000 en 2009) ne diminueront pas »
Matthieu Descamps et Rose-Mary Wamytan Membres du conseil provincial des jeunes
Ils ont 18 ans, étudient dans deux lycées de Nouméa et se sont impliqués dans le conseil provincial des jeunes pour des raisons différentes. Ils ont pourtant la même volonté : faire entendre la voix des jeunes. Interview croisé de Rose-Mary Wamytan et de Matthieu Descamps.
Pourquoi vous êtes-vous impliqués dans le conseil provincial des jeunes ? Rose-Mary Wamytan : Tout est parti de la journée de la jeunesse organisée, en 2009, au parc du Receiving. On m’avait demandé d’y participer parce que j’ai la parole facile. Au final, j’ai trouvé très intéressant de voir ce que pensent les jeunes. J’ai décidé de me lancer dans l’aventure du CPJ. Même si tu ne connais personne, il faut y aller et être motivé.
Matthieu Descamps : La Province cherchait un délégué d’établissement. Comme nous ne sommes que deux au lycée Blaise-Pascal et que ma collègue habite à Koumac, il était logique que je me lance. Même si j’y suis allé à tâtons au départ, je me sens aujourd’hui complètement concerné par la démarche.
Qu’attendez-vous de cette structure ? R.-M. W. : Je souhaite que ce soit un outil pour les jeunes. Je suis jeune moi-même. Je le vois un peu comme une école de la politique, mais aussi et surtout comme un moyen de faire entendre la voix des jeunes.
M. D. : Elle doit représenter les jeunes et faire remonter leurs revendications.
Comment avez-vous perçu la rencontre avec Marie-Luce Penchard, la ministre de l’Outre-Mer ? R.-M. W. : Non seulement elle nous a écoutés, mais elle a aussi répondu à nos questions. Et nous, on a montré que les jeunes d’ici se bougeaient. » M. D. : Le fait qu’elle soit présente a donné une grande légitimité au CPJ et une belle solennité. Madame la ministre a su se mouiller sur certains points comme les lycées professionnels et l’environnement.
Quel avenir voyez-vous pour la jeunesse de ce pays ? R.-M. W. : On ne peut pas parler du même avenir pour les jeunes en ville et pour les jeunes en tribu, et même en tribu c’est différent. Tout dépend où est localisée la tribu. Une chose est sûre : les jeunes sont en perte de repères. Ils ne savent pas trop où se situer. Mais je ne suis pas pessimiste pour autant. Comme le montrent les rassemblements de jeunes de ces derniers mois et leur implication dans une structure comme le CPJ, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir réagir et se prendre en main.
M. D. : Le CPJ peut faire bouger les choses, mais il faut se mettre au travail maintenant. Personnellement, j’ai peur du bac « cocotier » et je trouve que c’est un véritable gâchis de voir tous ces jeunes Calédoniens talentueux qui ne continuent pas leurs études faute de moyens ou de soutien. C’est un domaine où nous pouvons faire pression. Texte : Christine Allix Photo : Fabrice Wenger