Le 12 juin dernier ont eu lieu les assises de la petite enfance, à la CPS (Communauté du Pacifique Sud). Une première pierre à l‘édifice d’une politique familiale calédonienne.
« 89 % de la population réside dans le Grand Nouméa, rappelle Roselyne Tordjman. Le mode de vie est de plus en plus urbain, ce qui crée, dans les familles, des modifications profondes, des organisations à repenser au niveau de la distribution des rôles et des responsabilités, aussi bien au niveau du cadre de vie que de l’accueil des petits enfants, puisque 60 % des femmes travaillent en province Sud. » Au départ, il y a une enquête, réalisée dans les crèches et chez les assistantes maternelles. « 800 parents ont répondu sur 1 500 questionnaires distribués, s’étonne encore Barbara Pellan. Au dépouillement, nous nous sommes rendu compte que ces parents avaient des revenus conséquents, entre 500 000 et 600 0000 francs par mois en moyenne. » Avec, pour la plupart, trois problématiques principales : la santé et le bien-être, la parentalité et les modes d’accueil. Des groupes de travail ont d’ailleurs été constitués autour de ces trois thèmes et leurs synthèses présentées lors des assises. « Malgré des dispositifs qui coûtent cher, nous n’avons pas l’efficience que l’on devrait avoir, reconnaît Roselyne Tordjman. Alors, avant de demander des moyens, commençons par améliorer l’existant. » Au cours de cette journée, plusieurs pistes ont été évoquées, à commencer par le volet santé. « Nous devons harmoniser l’offre de soins entre les différentes structures, explique Roselyne Tordjman, par exemple en augmentant les plages d’ouverture des centres médico-sociaux. Cela permettrait de désengorger le CHT de Magenta et ce serait aussi moins compliqué pour les parents de se rendre dans une structure située près de chez eux après le travail. »
Moments clés
Les différents ateliers organisés ont aussi fait apparaître la nécessité de mettre en place un recueil de données, utiles pour orienter une politique de santé. « Actuellement, les certificats médicaux des premier, neuvième et vingt-quatrième mois ne sont pas exploités, rappelle Roselyne Tordjman. De même, la visite médicale obligatoire des quatre ans est une mine d’informations. Les médecins y voient 95 % des enfants scolarisés, accompagnés de leurs parents. » Ces moments clés existent déjà, la mesure est donc peu coûteuse et permettrait d’avoir des indicateurs quantitatifs précieux sur un plan médical, mais aussi en termes de qualité de vie de l’enfant. À plus long terme, des formations transversales communes à tous les professionnels du social, du médical et du paramédical sont envisagées. « Il est fondamental que les professionnels se connaissent et travaillent ensemble, car l’enfant est un tout. Il n’y a pas, d’un côté, sa santé mentale et, de l’autre, sa santé physique. »
Une santé à deux vitesses
Côté remboursement des soins, des voix se sont élevées. « Des traitements contre la gale, les poux ou certaines dermatoses, qui peuvent coûter très cher, ne sont pas remboursés, explique Barbara Pellan. Les parents avec de petits revenus traitent une fois, mais pas deux. » Autre constat, c’est dans les catégories sociales moyennes que l’on se soignerait le moins bien. « Une consultation chez un médecin coûte 3 800 F. Quand vous avez trois enfants, vous multipliez souvent les frais par trois. Il suffit que cela tombe mal, avant la paye, pour ne pas y aller. » Pour Roselyne Tordjman, « il faudrait permettre l’accès au tiers payant dès la consultation médicale ». Car les conséquences peuvent être graves, comme une perte d’audition à la suite d’otites négligées ou encore des rhumatismes articulaires aigus pour des angines mal soignées. Ces premières assises de la petite enfance auront eu le mérite de dresser un état des lieux surce qui existe, sur ce qui manque, sur ce qui fonctionne ou pas. Un prélude indispensable à la mise en chantier d’une politique globale de la famille.
« Dans le champ de la parentalité, on a tout à faire, reconnaît Roselyne Tordjman. On est depuis toujours dans des fonctionnements verticaux « moi je sais et toi tu ne sais pas ». Si l’on reste comme ça, on n’avancera pas. En tant que professionnels, nous devons changer de posture, ne plus être dans l’attente, mais dans le « aller vers », pouvoir rencontrer les parents là où ils sont. Il faut donc réfléchir à la façon de faire vivre autrement les lieux de proximité comme les centres médico-sociaux, les crèches, les écoles maternelles. La petite enfance, c’est ici et maintenant, car l’enfant évolue très vite. Les parents ont des questions prégnantes auxquelles il faut pouvoir répondre très vite. La parentalité, au fond, c’est comment mettre des mots sur des angoisses et des questions. »
Texte et photos : Nelly Jutteau
Modes d’accueil : ça bouge ! Un prochain texte prévoit de renforcer l’encadrement du personnel dans les crèches. Des mesures d’accompagnement financières seront prévues pour les familles, mais aussi pour les structures, envers lesquelles les exigences seront accrues, notamment en termes de recrutement de personnel qualifié. Les frais de garde des assistantes maternelles seront bientôt déductibles des impôts et ces dernières bénéficieront elles aussi d’agréments et de formations. |
Rendez-vous mensuels éducatifs « Parent, et vous ? » sont des soirées organisées conjointement par la ville de Nouméa et la province Sud sur des thématiques liées à l’éducation. Les familles sont accueillies une fois par mois, gratuitement, dès 18h30, à la maison municipale de quartier de Magenta Soleil pour échanger sur des sujets qui les préoccupent. Pour plus d’informations, contacter la DPASS, au 25 39 83. |