Projet de délibération portant diverses modifications du code de l’environnement
En adoptant, le 20 mars 2009, le code de l’environnement de la province Sud, l’assemblée de province a rendu le droit de l’environnement plus clair, plus accessible et plus stable. Par la suite, la mise en œuvre de ce texte fondateur a également structuré l’action de la collectivité et des acteurs concernés dans le domaine de la protection de l’environnement, et permis de mieux sensibiliser les acteurs économiques à leur responsabilité environnementale.
Sur la base de ces acquis essentiels, la province Sud se doit de moderniser constamment le droit de l’environnement, du fait du rejet de plus en plus net, au sein de la population calédonienne, des pratiques impactant la nature, de l’émergence de nouvelles menaces, de l’amélioration des connaissances sur la richesse et la fragilité de notre environnement et de l’apparition de certaines difficultés dans la mise en œuvre du code.
Afin de respecter le principe à valeur constitutionnelle d’information et de participation du public, la province Sud soumet à la consultation des administrés, des institutions, des associations environnementales et des acteurs économiques concernés le projet d’évolution de la réglementation provinciale.
Le projet de modernisation porte sur treize des corpus du code.
Modification des dispositions relatives aux principes
Les objectifs des modifications du Titre 1er du livre I du code visent à renforcer les références à la séquence dite « ERC » (« Eviter, Réduire, Compenser ») dans le cadre de l’instruction des dossiers soumis au code afin d’imposer une obligation de résultat aux mesures de compensation mais également de prioriser leur localisation et la rapidité de mise en œuvre afin de limiter les effets néfastes sur l’environnement. Egalement, il est proposé d’ajouter la définition du terme géodiversité dans les principes pour en renforcer la portée.
Modification des dispositions relatives aux institutions et organismes
Actuellement, le code de l’environnement précise que le comité d’information, de concertation et de surveillance sur les impacts environnementaux du site industriel de GORO se réunisse une fois par mois.
Dans les faits, cette fréquence s’avère impossible. Il est dès lors proposé de rendre annuelle la réunion de ce comité.
En outre, le conseil scientifique provincial du patrimoine naturel (CSPPN) se doit d’être consulté sur certaines évolutions réglementaires. Or, lors de la dernière réunion de ce conseil, ses membres ont indiqué souhaiter être consultés sur les dossiers environnementaux prioritaires. En effet, il est apparu incohérent de réunir un conseil dont les membres ne sont pas tous présents sur le territoire et exercent des missions au travers le monde pour des ajustements mineurs du code. Il est dès lors proposé de rendre possible la consultation de ce conseil et non plus nécessaire.
Modification à l’évaluation environnementale
Les Installations destinées à la production d’énergie hydroélectrique sont actuellement soumises à la production d’une étude d’impact préalable. Ces dispositions avaient été insérées dans le code provincial car la Nouvelle-Calédonie ne s’était pas dotée de réglementation en la matière. Désormais, la Nouvelle-Calédonie a adopté une délibération encadrant les usines hydrauliques, soumettant leur autorisation à étude d’impact. La réglementation provinciale n’a donc plus lieu d’être maintenue. Enfin, il est proposé de compléter les dispositions de l’article 130-4 afin de préciser que le pétitionnaire d’un projet pouvant causer des impacts sur l’environnement doit justifier de ses capacités financières permettant de mettre en œuvre les mesures de compensation.
Modification des dispositions relatives aux aires protégées
Afin de lutter efficacement contre la surpopulation de black-bass au sein du parc de la rivière bleue, et suite à des observations formulées par le public lors de la dernière modification du code de l’environnement, il est proposé de permettre la pêche du black-bass à l’intérieur du parc, à l’exception des deux réserves naturelles (Haute-Yaté et Haute-Pourina) qui le constituent, dans la mesure où cette espèce n’a semble-t-il pas pénétré ces périmètres. En outre, les limites du parc forestier Michel Corbasson sont redéfinies afin d’incorporer la parcelle n° 356 dans les limites de ce parc.
Modification des dispositions relatives aux écosystèmes d’intérêt patrimonial
Il est proposé de ne pas soumettre à étude d’impact les travaux menés par les collectivités et pouvant porter atteinte à des mangroves, si et seulement si ces travaux visent l’amélioration hydraulique ou la régénération des mangroves et impactent une surface de mangrove inférieure à 100 m². La province Sud sera tout de même informée préalablement au commencement des travaux.
Dans un souci évident de simplification administrative, il est proposé de réduire de deux à un exemplaire les demandes d’autorisation de porter atteinte à un écosystème d’intérêt patrimonial.
Enfin, il est offert au président de l’assemblée de province la possibilité d’émettre un sursis à statuer sur les demandes d’autorisation précitées, afin de ne pas délivrer un refus lorsque le dossier ne permet pas de prendre une décision.
Modification des dispositions relatives aux espèces endémiques, rares et menacées
Afin de ne pas nuire à la reproduction des oiseaux marins, la province a mis en place un système de mâts indiquant la présence d’oiseaux. Lorsque les usagers débarquent sur un ilot sur lequel un mât a été levé, ces derniers s’exposent à une amende de 4ème classe lorsqu’ils s’approchent à moins de quarante mètres du site abritant les oiseaux. Afin de clarifier la situation, de ne pas dresser des procès-verbaux à l’encontre de ces usagers indélicats mais surtout de protéger ces espèces fragiles, il est proposé d’interdire l’accès aux ilots sur lesquels un mât sera déployé.
Nombreux sont les usagers qui nettoient et lèvent leurs filets de poisson en mer. Toutefois, avec l’augmentation de la population et les risques tant pour l’environnement (augmentation de la population de certaines espèces et a fortiori dérèglement de l’écosystème) que pour la sécurité des baigneurs, il est proposé d’interdire de jeter les restes des poissons et des repas dans un rayon de deux cents mètres autour des îles et îlots de la province Sud ainsi que sur une bande de deux-cents mètres le long du littoral.
De plus, la province envisage un retrait du Requin bouledogue de la liste des espèces protégées, afin de mieux gérer, dans le temps, les mesures à prendre pour protéger les populations et se mettre en conformité avec la majeure partie des Etats qui n’ont pas opéré ce niveau de protection.
En outre, le code de l’environnement métropolitain a augmenté sensiblement la sanction infligée aux contrevenants qui portent atteinte aux espèces protégées lorsque l’infraction est commise en bande organisée. Il est dès lors proposé de calquer la disposition métropolitaine localement, faisant encourir une sanction de sept années d’emprisonnement et de plus de 89 millions de francs d’amende (en lieu et place d’un an d’emprisonnement et de 1,78 millions d’amende) aux auteurs de l’infraction.
Modifications des dispositions relatives à l’accès aux ressources biologiques et aux coupes de bois
Les modifications proposées sont mineures en ce qu’elles ne font que corriger des erreurs matérielles pour ces deux corpus.
Modifications des dispositions relatives à la chasse
A la demande de l’Etat, il est proposé de ne pas permettre la délivrance des permis de chasse aux personnes inscrites au fichier national des personnes interdites d’acquisition et de détention d’armes (FINIADA). En effet, le Haut-commissariat délivre des interdictions administratives de détention d’armes à l’encontre de personnes qui pourraient s’avérer dangereuses. Or, en l’état actuel de la réglementation, un individu qui figurerait au FINIADA pourrait solliciter l’obtention d’un permis de chasse et donc acquérir une arme.
Certaines infractions aux dispositions du code de l’environnement étaient dépourvues de sanction. La proposition vise à corriger cet impair.
Modifications des dispositions relatives à la pêche
Les pêcheurs à pieds n’étaient pas astreints au respect de certains quotas. Il est dès lors proposé de leur rendre l’ensemble des dispositions sur la pêche de plaisance applicables. Lors de la dernière modification du code de l’environnement, les dispositions relatives à la pêche du black-bass ont été abrogées afin de maximiser les prélèvements de cette espèce. Néanmoins, dans la mesure où ces spécimens sont classés en tant qu’espèce exotique envahissante, leur capture et détention étaient interdites. La proposition vise à permettre une dérogation pour la pratique de cette pêche afin que les pêcheurs ne contreviennent pas à la réglementation.
Modifications des dispositions relatives aux installations classées pour la protection de l’environnement
Afin de permettre un suivi du devenir des boues des stations d’épuration, il est proposé, à l’instar des effluents d’élevage, que le pétitionnaire fournisse un plan d’épandage des boues lors du dépôt de son dossier de demande d’autorisation ou de déclaration. De même, si les eaux résiduaires domestiques et industrielles doivent être rejetées dans les réseaux publics, le pétitionnaire devra fournir, lors du dépôt de son dossier, une convention de raccordement au réseau.
Le code de l’environnement prévoit des sanctions administratives. Néanmoins, la procédure pour mettre en œuvre ces sanctions diffère d’un titre à l’autre. Afin de faciliter le travail des instructeurs et de rendre les dispositions du code cohérentes, il est proposé d’homogénéiser la procédure, notamment en n’imposant plus le formalisme la mise en demeure par arrêté.
Encore, il est proposé, à l’instar des dispositions nationales, de permettre aux exploitants des ICPE d’apporter la preuve de leurs garanties financières via un récépissé de la Caisse des dépôts et consignations ; les dispositions actuelles ne leur permettant que d’avoir recours à un établissement de crédit ou une entreprise d’assurance.
Modifications des dispositions relatives aux déchets
Dans une optique de meilleure gestion des déchets et de clarification des dispositions actuelles, il est proposé de définir une hiérarchie de traitement des déchets, à savoir préconiser le recyclage, ensuite la valorisation lorsque cela s’avère possible et enfin l’élimination lorsqu’aucune solution n’est recevable.
S’agissant des huiles usagées, lesquelles sont d’ores et déjà réglementées, il est apparu nécessaire de préciser que les déchets souillés par les huiles usagées (à l’instar des chiffons, flexibles hydrauliques…) doivent également être traités de manière satisfaisante.
Depuis quelques années, l’utilisation et la pose de panneaux photovoltaïques ont connu un succès certain. Si les énergies renouvelables sont à privilégier sur les énergies fossiles, le traitement de ces panneaux apparait toutefois nécessaire en raison de leur composition. Il est donc proposé d’inscrire ces panneaux au rang des équipements électriques et électroniques, sans toutefois définir les modalités de gestion de ces panneaux dans la mesure où ces derniers ont une durée d’exploitation de l’ordre d’une vingtaine d’années. La direction de l’environnement travaille actuellement sur cette future proposition.
Enfin, à l’instar de l’évolution de la procédure des sanctions administratives concernant les ICPE, la proposition d’évolution vise à homogénéiser le formalisme de la mise en demeure avec les autres corpus du code.
Modifications des dispositions relatives aux altérations des milieux
Actuellement, la province ne peut surseoir à statuer lorsqu’une demande d’autorisation de défrichement est effectuée. La modification apportée permettra de le faire. De même, aucune disposition ne permet actuellement d’encadrer la durée de l’autorisation, à l’instar des autorisations relatives aux écosystèmes d’intérêt patrimonial. Il est donc proposé de fixer à deux ans la durée de l’autorisation des défrichements, cette dernière pouvant être renouvelée sur demande justifiée du bénéficiaire.