Jeudi dernier commençait la cinquième tournée de la Mission à la Condition Féminine. Cette année, focus sur le rôle essentiel des femmes dans l’agriculture, et les difficultés qu’elles rencontrent.
« On commence notre tournée par Yaté où nous sommes toujours bien accueillies, ça nous booste ! » sourit Charlène Soerip, directrice de la Mission à la Condition Féminine. En ce jeudi ensoleillé, les couleurs chaudes du marché de Waho où le rendez-vous avait été pris avec les femmes de la commune étaient assorties au jaune orangé de la dernière brochure : « La ruralité au féminin », éditée par la MCF. Sur place, Nicole Robineau, élue provinciale en charge de la condition féminine, a rappelé le but et l’utilité des tournées, qui au cours des dernières années ont permis de faire remonter du terrain le ressenti lié à des problématiques diverses (la santé, l’emploi, les violences subies), avec comme enjeu la réponse concrète aux attentes des administrées.
Fidèle à sa mission médiatrice, l’équipe, qui comptait également l’élue Eliane Atiti, est venue accompagnée de référents des directions du Développement Rural (DDR) ou de l’Environnement (DENV). Lors d’un passage précédent de la MCF à la tribu de Touaourou à Yaté, des préoccupations avaient fait jour quant aux quotas de pêche et à la possibilité pour les mamans de tirer de l’activité un petit revenu. Cette fois-ci, Bernard Fao, responsable du bureau des pêches, vient donc annoncer la création dans les prochains mois, sur les zones-pilotes de Yaté et de Thio, d’un statut de « pêcheur de subsistance » basé sur des critères précis.
Pêche et préservation des ressources
Dans l’assistance Sandrine Atinoua, membre de l’association des femmes d’Unia, se renseigne sur la possibilité d’opérer un relevé scientifique de la biodiversité sur le récif en face de la tribu. « En tant que femme et maman de Yaté, le thème de la ruralité me touchait. A Unia, nous avons une ferme d’élevage de cailles et un peu de maraîchage, et en même temps nous savons que le récif n’est pas une ressource inépuisable, explique Sandrine. Au moment des marées basses, notre responsabilité en tant que maman est de montrer l’exemple et d’inculquer la valeur de ce qui nous entoure à nos enfants, pour les responsabiliser. »
Maéva Brémond, originaire de Goro, est une femme engagée dans le développement de son activité en même temps que celui de sa région. A 79 ans, l’ancienne pêcheuse devenue, grâce au soutien de la Province, agricultrice, s’est lancée dans la culture de concombres. Elle continue de s’impliquer au sein de différentes associations et de s’inquiéter de questions touchant aux ressources en eau. Sa voisine, Raphaëlla Koroma, de la tribu de Waho, s’est, elle, lancée il y a un an le défi de produire 200 kilos d’ignames… Grâce au concours de la DDR. Sylvie Videault, responsable du département du développement local, est justement venue renseigner le public sur les aides provinciales, plus particulièrement en matière d’agriculture familiale.
Serre hydroponique et ADEVY
L’assemblée a ensuite profité de l’après-midi pour visiter les environs. D’abord les serres hydroponiques de Rosaire Agourou, qui depuis 2005 cultive cinq variétés différentes de salades, ainsi que de superbes philodendrons et autres plantes vertes. Puis à l’ADEVY (agence de développement de Yaté), par où transitent les produits des environs, de la mer comme de la terre.
Et Nicole Robineau, juste avant la coutume d’au-revoir, de faire un bilan de cette première journée : « En matière de ruralité, l’implication des femmes est très réelle mais souvent invisible, alors qu’elles se sont appropriées des secteurs comme le tourisme agricole par exemple. La tournée, avec la brochure qu’on met à leur disposition, et une enquête Internet qu’on s’apprête à lancer sur la place et les attentes des femmes dans le tourisme, visent donc à suggérer des pistes de travail. » La tournée s’est poursuivie ce week-end par l’île des Pins, avant les prochaines étapes à Thio, Bourail et Sarraméa.