Derrière ses plages de sable blanc et autres décors naturels dignes des plus belles cartes postales, l’île des Pins recèle des traces d’un passé atypique. Des témoins historiques que la Province s’attache à valoriser depuis plusieurs années.
« L’Ile des Pins est très riche en patrimoine bâti, explique Jérémie Katidjo Monnier, architecte et chef du service Patrimoine à la province Sud.Nous travaillons beaucoup sur la mission de Vao, avec son clocher et son presbytère. Il reste encore beaucoup de surfaces d’origine notamment sur le presbytère. Juste à côté, nous avons aussi travaillé sur l’ancien couvent Notre-Dame des Anges qui a été stabilisé, car il présentait des faiblesses. »
Mais les efforts de la Province ne concernent pas uniquement le patrimoine religieux, comme le précise Jérémie Katidjo Monnier : « Nous faisons également un travail sur le bagne : la région de Ouro pour les déportés de la Commune et la baie de Kuto, où tout un port aménagé en préservant l’aspect historique accueille les croisiéristes aujourd’hui. »
Des visiteurs plus avertis
Ainsi depuis deux ans, la Province a débuté un programme d’aménagements visant à remodeler l’accueil des croisiéristes débarquant des quelques cent paquebots annuels qui visitent l’île avec la rénovation historique du petit wharf – remontant à l’époque des déportés politiques – et celle du mur de quai. Des itinéraires culturels permettent aux touristes de mieux appréhender l’histoire locale du bagne, matérialisés par des panneaux d’information.
Enfin, la mise en place d’un ponton flottant ou la rénovation du mur d’enceinte historique de la presqu’île Kuto figurent parmi les tout prochains chantiers. Des aménagements qui s’inscrivent dans la continuité d’une politique provinciale de protection, de conservation et de valorisation du patrimoine historique kunié entamée dès 1995.
170 ans d’Histoire récente
L’Ile des Pins évoque un patrimoine religieux d’une grande richesse, liée à l’ancienneté de sa Mission. En 1860, soit douze ans après l’arrivée des premiers missionnaires, la première église en pierre de Nouvelle-Calédonie est inaugurée à Vao.
Un premier presbytère baptisé « Nazareth » avait été édifié dès 1848, avant d’être reconstruit sous sa forme contemporaine, avec un étage, cinquante ans plus tard. Quant au clocher, œuvre du maçon et tailleur de pierre Jean Duboin récemment restaurée avec le concours de la Province, c’est en 1871 qu’il est terminé.
Mais on pense aussi au bagne qui vit se succéder en terre Kunié plus de 21 000 déportés, de 1864 à 1897. Et parfois ces mémoires pénitentiaires et religieuses se recoupent, comme en témoigne l’impressionnant retable voué à la Vierge Marie et sculpté par les déportés politiques, actuellement entreposé au presbytère de Vao.
Le cimetière des déportés de la Commune de Paris ou celui dit « des surveillants », les façades et la couverture de la maison de la Grande Chefferie, le bâtiment des frères du collège Saint-Joseph ou l’école de Notre Dame des Anges figurent également parmi les lieux emblématiques et historiques ayant bénéficié au cours des dernières années des mesures de protection instaurées par la Province.